Kulturagentinnen und Kulturagenten Schweiz

Concept en main, adresses en tête, messages rédigés et pour bagage, une première expérience peu satisfaisante, je m’adressai à une architecte recommandée vivement et à plusieurs reprises par différents interlocuteurs. Ironie du sort : deux ans auparavant, j’avais préparé un mail destiné à la personne de référence précitée avec pour objectif de l’inviter comme intervenante lors d’une conférence tenue dans l’école en question. A ce moment, je ne savais pas encore qu’une collaboration avec cette experte pointait à l’horizon. Le fruit du hasard ? Non, plutôt un concours de circonstances, une coïncidence qui s’est révélée comme une évidence ! Premier contact, premier appel, première rencontre… La rencontre entre l’architecte et l’agente culturelle

Celle-ci se déroule en dehors de l’école, dans le bâtiment où se trouve le bureau de l’architecte, personne ne que j’allais rencontrer pour la première fois. Une pièce neutre, soit une petite salle de réunion, une table et deux chaises : le décor est posé. En une heure, le cadre de la démarche envisagée est fixé. Mon intention : motiver mon interlocutrice à intervenir dans une classe d’arts visuels et cela sur une période de trois mois. Avec pour final, la conduite d’une semaine thématique sur le site scolaire, avec l’assistance d’une équipe d’étudiants en architecture, afin de réaliser des aménagements extérieurs provisoires pour l’établissement. Rapidement, nous faisons le tour des points importants : rôle et fonction de chacune, délai, budget. La clarté et l’efficacité de l’architecte me plaisent. Pas de baratins pour rien ! Le ton est donné et le prochain pas défini. A mon tour maintenant de contacter l’enseignant pressenti pour solliciter une rencontre. Temps de pause, temps d’été, à moi d’apprendre de prendre le temps de ne pas me précipiter. Je dépose la plume. Les choses sont, pour un instant, arrêtées. Accepter de ne pas tout savoir dès le départ, de devoir affronter des imprévus, de ne pas être sûre des motivations des uns et des autres, requiert de la confiance. Mince ! La boule au ventre, me voilà, un peu en souci. J’aurais aimé fixer rapidement une date. Non, pas d’agitation. Le sérieux et le soutien serein de l’architecte m’encouragent à faire preuve de quiétude. Bon, lâchons. Le cours des choses reprendra après les vacances d’été.

Celle-ci a lieu à la cafétéria, à trois, moi y compris. Autour de nous, se trouvent des élèves prenant leur pause ou étudiant pour la prochaine leçon. Nous discutons, un café à la main. Deux points de vue divergeant sont exposés – je me mets en retrait afin de ne pas interférer. J’essaie de comprendre. Chaque protagoniste, conscient des possibles et des limites, connaît le cadre dans lequel il agit – pour l’un, les cours « classiques » inhérents à la branche enseignée sont à prendre en considération, et pour l’autre, ce projet novateur doit être perçu comme démarche expérimentale et collective. Des questions surgissent : est-ce trop ambitieux de faire travailler des collégiennes sur ladite thématique ? le temps disponible permettra-t-il de trouver des solutions intéressantes et adaptées au contexte existant ? Le nombre d’inscriptions (s’il y en a) des étudiants en architecture suffira-t-il pour réaliser le projet ? L’enseignant et l’architecte établissent rapidement un programme : l’architecte viendra toutes les deux semaines en classe pour susciter une réflexion, transmettre ses expériences issues de projets similaires, accompagner les élèves dans leurs idées et, le cas échéant, provoquer des remises en question. Entre-deux, l’enseignant se concentrera sur le contenu de ses cours, fera travailler les élèves avec différents matériaux et à différentes échelles. La confrontation avec la matière, même de courte durée et à un niveau réduit, sera utile dans la phase finale de réalisation. Résistance et stabilité seront exigées : les prototypes – bien que ce terme induit une compréhension contraire – devront faire preuve d’une certaine durabilité car ils seront expérimentés et utilisés par ses auteures et leurs collègues collégiens. Retour à notre rencontre : le « tutoiement » se fait automatique, les numéros sont échangés.

A l’une des réunions habituelles du groupe culturel, dans la salle usuelle, nous invitons l’enseignant précité à participer et à présenter la démarche qu’il insérera dans ses cours. Des questions se posent, des bribes de réponses s’esquissent, les échanges fusent et de manière générale, l’ensemble du groupe culturel (à savoir neuf personnes) se montre enthousiaste et soutient la démarche avec allant.

L’architecte et la soussignée sont invitées dans le bureau du recteur. L’administrateur ainsi qu’un proviseur nous rejoignent dans ce cadre quelque peu solennelle et formelle. Réunis autour d’une grande table ovale, les uns d’un côté et les autres en face, nous expliquons la démarche. Nous communiquons nos principales attentes : libération des cours pour les collégiennes durant la semaine thématique, mise à disposition d’un local adéquat pour la création des prototypes. Le recteur nous demande de contacter le Service des bâtiments – le propriétaire du Collège et des alentours – afin d’obtenir son accord pour entreprendre les démarches envisagées et atteindre l’objectif visé : le placement de volumes sur le terrain de l’école.

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