Kulturagentinnen und Kulturagenten Schweiz

L'importance des moments de rencontre dans le développement de ce projet ambitieux.

Comment faire avancer un projet artistique quand beaucoup d’acteurs, issus d’horizons différents, sont impliqués, de loin ou de près, dans une démarche ? Comment prendre en compte les nombreux paramètres indispensables à sa réalisation ? Comment créer la confiance en l’inconnu afin de ne pas entraver le développement d’un programme qui risque être interrompu complètement ? Comment en agencer les diverses étapes ? Et que faire pour maintenir motivation et pleine énergie tout au long du processus ?

Le défi est de taille : répondre à un besoin d’une grande école concernant l’occupation de l’espace et réaliser des prototypes d’aménagement extérieur, ceci en impliquant plusieurs groupes de personnes (élèves, étudiants, intervenants, experts) avec l’intention d’expérimenter ensemble des notions de collectif et de cocréation.

Les rencontres entre les divers partenaires, à l’interne et à l’externe, de manière officielle et inofficielle, en amont, pendant et après les étapes de réalisation, jouent un rôle primordial dans l'évolution de ce projet ambitieux et nécessaire.

Retour sur la situation.

Du fait que l’école, en l’occurrence le Collège du Sud à Bulle, participe au projet pilote suisse des « agent.es culturel.les », les enseignants impliqués dans le groupe culturel ont eu la possibilité de s’interroger sur les besoins et souhaits de leur école et de ses usagers. Ces temps d’échange et de réflexion ont permis de nourrir les pensées et de formuler des questions essentielles. L’attention fut rapidement posée sur la thématique suivante : « Comment occuper l’espace pour y vivre mieux ? ». Cette question servit de fil rouge lors des discussions menées entre 2020 et 2024. L’orientation était donnée ! Elle répondait à un réel souci, exprimé déjà auparavant sous différentes formes (requêtes faites auprès du Canton pour l’obtention d’aménagement extérieur, mais aussi par la demande de plantation d’arbres et d’une prairie fleurie, voire par un sondage réalisé par une classe de commerce auprès de l’ensemble des usagers, le but étant de connaître les besoins puis transmettre les résultats au recteur...). Cependant, ces démarches se sont avérées difficiles à concrétiser et, la plupart du temps, ont récolté des refus.

De nos nombreuses réunions à l’interne (échanges avec le groupe culturel ainsi qu’avec les délégués culturels en mode binôme), ont émergé diverses actions et interventions. A la fois courtes et conséquentes, expérimentales et « classiques », ciblant un groupe restreint de personnes ou alors rassemblant l’ensemble de l’école, ces interventions et ces projets constituèrent l’essence de la présente démarche. Ces actions ont fait vivre et surtout ont rendu tangibles les différentes réflexions.

Nos rencontres ont eu lieu, pour la plupart du temps, autour d’une table, dans une salle de réunion. Elles se sont déroulées, durant les premières années, de manière régulière, à savoir environ toutes les six semaines et duraient 1h30. Au début, chacun dut trouver sa place et son rôle. Le team dut instaurer un mode de communication et s’astreindre à formuler des objectifs. Où allons-nous, que voulons-nous ? En d’autres mots, il nous a fallu trouver ce qui nous poussait à nous retrouver. De nouvelles personnes nous ont rejoints, d’autres nous ont quittés. La dynamique de groupe s’est créée petit à petit, grâce à la force dégagée par les projets réalisés. A titre d’exemple, nous avons organisé la création d’une semaine thématique dédiée à l’espace, semaine durant laquelle des personnalités (artistes et experts) ont été invitées à transmettre leur point de vue sur un thème prédéfini (un architecte effectua une lecture des lieux ; une historienne d’art orchestra un défilé dans les couloirs de l’école avec la contribution de l’ensemble musical). Il y eut également divers travaux de classe menés par des enseignants enthousiastes ; ces derniers se sont prêtés au jeu en travaillant avec leurs élèves sur des questions liées à l’espace (réalisation d’anamorphoses dans les étages, désignation des salles par des qualificatifs particuliers, intervention-surprise dansée lors d’une pause de midi avec le soutien de chorégraphes). Certaines actions se sont révélées plus adaptées et furent plus appréciées que d’autres. Il y eut aussi, finalement, une plantation d’arbres et d’arbustes. Cette intervention a permis, à différents moments, la rencontre entre divers partenaires (recteur, administrateur, concierge, enseignants, élèves, responsable du Service des bâtiments).

Les contacts étaient établis, des noms recevaient des visages. A bas l’anonymat ! Les pieds dans les terrains, le museau à l’air frais, la pelle à la main, les souliers dans la terre, permirent aux participants de s’éprouver de manière plutôt informelle. Tous - une petite équipe d’élèves et d’enseignants - étaient là pour la même action : creuser pour planter.

Poursuivons…

Ce travail de réflexion, élaboré à plusieurs niveaux et sous plusieurs formes, fut un processus qui évolua sur la durée. Il permit de réfléchir sur des questions essentielles, de laisser mûrir des idées novatrices, de tester des formats conçus pour les événements et adaptés aux circonstances, d’exprimer et de communiquer les préoccupations. Cette phase intense et non-spectaculaire, abstraite pour bien des personnes, a sans aucun doute préparé le terrain, en interrogeant et en nourrissant, d’une certaine manière, les esprits. Pour conclure, je peux dire que tout ce qui vient d’être mentionné, a contribué bénéfiquement au projet final : la cocréation de prototypes d’aménagement extérieur.

Passons à l’action !

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